Comme annoncé hier soir, notre équipage redémarre les machines à l’heure précise de 8h00. Graciés d’une nuit reposante, les récits de ce matin sont cependant moins épiques que la veille.
Alors que les vents et les vagues continuent à rendre notre recherche de baleines difficile, une belle lumière s’installe peu à peu dans un ciel dégagé et nous offre de quoi faire crépiter les appareils photos.
Nous sortons de Jøkelfjorden et progressons vers le sud en direction de l’île Shorpa. Apparemment seuls au milieu des eaux furieuses, nous sommes finalement rejoins par trois baleines à bosses, qui, fidèles à leur réputation, se montrent sous toutes les coutures. Cette belle rencontre nous redonne l’espoir d’apercevoir quelques ailerons noirs, qui ne se montrent malheureusement pas aujourd’hui. Le vent, qui continue à malmener le Polaris, nous contraint à rejoindre Uløya, située à la fourche de Rotsundet et du Fjord de Lyngen, plus tôt que prévu. Pendant la navigation, Xavier nous propose, en écho aux aurores de la nuit passée, une conférence sur les mécanismes physiques à l’origine de ce phénomène. Mais nous continuerons à croire que c’est un peu magique.
Le bateau est finalement mis à quai à Havnnes, village n’ayant pas été détruit depuis 1800, pour une douce nuit. Avant le dîner, nous faisons quelques pas dans le village figé, comme avant-goût de notre ballade de demain. Quelques traces de pas d’élan nous montrent déjà le chemin.
Pendant que les Norvégiens se replient dans leurs foyers, nous nous réfugions de même au chaud, pour une introduction par Anaïd au joik, chants traditionnels que les Gufihttars, créatures de sous la terre, ont appris aux Samis. Ainsi, à chaque personne, animal ou lieu, correspond une mélodie chantée, comme un nom musical pouvant à la fois les capturer et rendre présents. Nous échangeons questions, réponses, impressions et émotions à l’écoute de quelques extraits audios et vidéos.
Le dîner se passe dans la bonne humeur mais aussi dans l’intensité d’échanges variés sur le sujet apparemment inépuisable du changement climatique et autres problèmes auxquels font face les régions polaires.
Le ciel est parfaitement dégagé, mais ce soir les aurores ont surtout laissé la place aux étoiles et au son carillonant des boutes frappant le mat des bateaux amarrés au port.